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Une relecture des enjeux politiques du numérique : la technologie et la production de l’imaginaire social

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Créateur

Contributeur

Institut d'études politiques de Paris - Sciences Po Ecole de la Recherche Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF)
Membres du jury :

Frédéric Gros [Directeur de thèse]
Bernard E. Harcourt [Directeur de thèse]
Franck Cormerais [Président]
Pierre-Antoine Chardel [Rapporteur]
Valérie Charolles [Rapporteure]
Andrew Feenberg

Date

Type

Langue

fre

Identifiant

ark:/46513/sc178tg8

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Description

Résumé en français :

La théorie critique ne sait pas dire, aujourd’hui, ce que change l’essor des nouvelles technologies pour l’ordre socio-politique. En réduisant l’impact du numérique aux intérêts ponctuels de ceux qui l’instrumentalisent, l’approche constructiviste de la technologie ne donne de ses enjeux qu’une vision segmentaire et tactique. Par ailleurs, si elles diagnostiquent bien des ruptures dans les pratiques et les représentations, les analyses épistémologiques du numérique demeurent muettes quant à la dimension structurellement politique de ces transformations pourtant radicales. Cette thèse propose donc d’articuler ces critiques à un postulat épistémique, unifié, de l’impact de la transformation numérique sur le cadre théorique implicite qui sous-tend la légitimité (et plus profondément encore, la condition de possibilité) de la démocratie libérale. Elle met en perspective la théorie critique de la technologie à l’aide d’une approche classique de la théorie politique, qui consiste à rappeler la contingence et la dépendance des régimes à une certaine réalité sociale (relevant non seulement des pratiques mais de l’ordre symbolique, épistémique qui en découle). Les enjeux politiques de la technologie sont ainsi abordés au travers de la notion d’imaginaire — pas seulement pour montrer l’influence de la transformation numérique sur les représentations qui fondent le monde commun, mais pour affirmer que l’enjeu fondamentalement politique du numérique est avant tout un enjeu poétique : il faut rendre à la théorie sa puissance créatrice, pour oser imaginer un paysage socio-politique, et un horizon idéel, radicalement transformés.

Résumé en anglais :

Critical theory remains incapable of evaluating the impact of digital transformation on the socio-political order. On the one hand, constructivist approaches of technology tend to reduce its effects to the ad-hoc interests of those who instrumentalize it, thus providing a piecemeal and tactical understanding of its political stakes. On the other hand, epistemological critiques of technology keep describing the many ruptures provoked by new digital practices, but say nothing about the structural, political dimension of these radical mutations. This dissertation proposes to bring these critiques into a unified, epistemic perspective, in order to articulate the impact of digital transformation on the implicit theoretical framework which underlies the legitimacy, and more fundamentally, the condition of possibility of liberal democracy. It combines critical theories of technology with a more classical approach of political theory, by insisting on the contingency of political regimes, which always rely and depend on certain social conditions (understood not only as social practices, but also as a embodying the symbolic, epistemic component of reality). The political stakes of digital transformation are thus approached through the lense of the social imaginary—not so much to show the influence of technology on the representations that institute the common world, but rather to suggest that the issue is first and foremost poetic: theory must reclaim its creative power, and dare to imagine a radically transformed socio-political (and conceptual) horizon.