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L’Incident du 28 février 1947, dernière bataille de la guerre sino-japonaise ? : legs colonial, sortie de guerre et violence politique à Taiwan

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Créateur

Contributeur

Institut d'études politiques de Paris - Sciences Po Ecole de la Recherche Centre d'Histoire de Sciences Po
Membres du jury :

Yves Chevrier [Directeur de thèse]
Stéphane Audoin-Rouzeau [Président]
Barak Kushner [Rapporteur]
Françoise Mengin [Rapporteur]
Ludivine Bantigny

Date

Type

Langue

fra

Identifiant

ark:/46513/sc1753jb

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2016IEPP0030_Louzon_Victor.pdf

Description

Résumé en français :

Cette thèse de doctorat en histoire porte sur l’« Incident du 28 février », la révolte qui agita en 1947 Taiwan contre le pouvoir chinois après que la Chine eut récupéré sur l’île en 1945, après cinquante ans de colonisation japonaise. Cette rébellion, rapidement et très brutalement réprimée, est au cœur des luttes mémorielles qui agitent Taiwan depuis sa démocratisation, l’enjeu étant la légitimité de la souveraineté chinoise sur l’île, et l’identité de cette dernière. L’objet de mon travail est la violence politique, ses modalités et sa genèse. J’analyse l’éruption de violence de 1947 à la lumière de cinquante ans de relations sino-japonaises, en particulier la guerre de 1937-1945. Du côté taiwanais, la révolte s’appuie sur les réseaux et le répertoire d’actions et de symboles développés durant la mobilisation pour l’effort de guerre japonais, tant au niveau des troupes coloniales que des groupes paramilitaires et de jeunesse, sans qu’on puisse pour autant qualifier l’insurrection de pro-japonaise. Le passé colonial, et particulièrement la militarisation de la société taiwanaise qui s’est accompagnée d’une assimilation culturelle intensive, sert de ressource pour l’action politique. La violence employée du côté nationaliste chinois remobilise une riche expérience contre-insurrectionnelle, en particulier celle des années 1930. Son intensité disproportionnée s’explique par la perception de la rébellion comme un acte de guerre prolongeant l’invasion japonaise et déniant à la Chine son statut de vainqueur et de puissance civilisée. Elle solde les comptes de la guerre sino-japonaise à l’échelle locale par victimes interposées et parachève l’épuration des élites coloniales.

Résumé en anglais :

This PhD dissertation in history deals with the « February 28th Incident », a 1947 Taiwanese revolt against the Chinese rule restored in 1945, after fifty years of Japanese colonization. This rebellion, swiftly and very brutally quelled, has been central in the memory wars that have characterized Taiwan since it democratized. What is at stake is the legitimacy of China’s sovereignty over the island, and Taiwanese identity. The focus of my work is political violence, its modalities and its genesis. I analyze the outburst of violence of 1947 in the light of fifty years of Sino-Japanese relations, particularly the 1937-1945 war. On the Taiwanese side, the revolt taps into the networks and the repertoire of actions and symbols developed during the mobilization for the Japanese war effort. This mobilization affected colonial troops but also youth and paramilitary groups. This does not mean that the insurrection was pro-Japanese. Rather, the colonial past, more specifically the militarization of Taiwanese society during the war and the intensive cultural assimilation that accompanied it, is used as a resource for political action. The violence exerted by the Chinese Nationalist side remobilizes a rich experience of counter-insurgency, particularly that of the 1930s. Its disproportionate intensity stems from the perception of the rebellion as an act of war in the wake of Japan’s invasion of China, which denies the country its newfound status as a victor and a civilized great power. The suppression settles the accounts of the Sino-Japanese war on a local scale through proxies, and completes the purge of the colonial elite.