Résumé en anglais :

This dissertation explores the political and commercial relations, negotiations as well as tensions between Japan and French Indochina in the period from 1905 to 1932.
One of the major aims of this study is to clarify the use of economic and statistical arguments in a long-lasting controversy provoked by endless negotiations over the minimum tariff for Japanese imports in the French colony, Indochina.
In addition, this analysis shows how different networks of actors engaged in the Japanese-Indochinese political economy regularly reposition themselves amid a long series of political and economic shocks.
France and Indochina have to engage in a difficult balancing act in their interactions with Japan, the rising export and military power in Asia since its decisive victory over Russia in 1905.
While they consider the Japanese empire as a promising strategic partner to counter the threats of Chinese nationalism and of Vietnamese revolutionaries, the colonial and metropolitan authorities have to negotiate with a country that discretely attempts to destabilize the French presence and covets the natural resources in the Indochinese peninsula.
Altogether, this account dissects the numerous political, diplomatic, cultural and social tensions that permeated the negotiations over Japanese-Indochinese trade flows from the Franco-Japanese arrangement of 1907 until the Japanese-Indochinese “gentlemen’s agreement” of 1932. Thereby, it sheds a new light on previous scholarship that has presented the relationship between Hanoi and Tokyo as in the main balanced and peaceful before the violent occupation of the French colony by Japanese military forces in 1940.

Résumé en français :

Cette thèse porte sur les relations, les négociations et les tensions politiques et commerciales entre le Japon et l’Indochine française de 1905 à 1932.
La France et sa colonie, l’Indochine, doivent s’engager dans un difficile arbitrage à propos de leurs relations avec le Japon, nouvelle puissance commerciale et militaire en Asie après sa victoire sur la Russie en 1905.
Alors qu’elles considèrent l’empire japonais comme un appui géostratégique dans la maîtrise du nationalisme chinois et des révolutionnaires vietnamiens, les autorités métropolitaines et coloniales doivent faire face à une puissance qui entreprend discrètement de déstabiliser la présence française et convoite les ressources naturelles de la péninsule indochinoise.
Ainsi, les incessantes négociations à propos du tarif minimum pour les produits japonais en Indochine déclenchent une controverse durable que nourrissent les argumentaires économiques et statistiques, dont l’analyse est l’un des objets centraux de cette thèse. Celle-ci se donne par ailleurs pour tâche de suivre le positionnement changeant des réseaux d’acteurs engagés dans la géopolitique économique nippo-indochinoise.
À travers cette histoire pluridécennale, la thèse décompose la multiplicité des tensions d’ordre politique, diplomatique, culturel et social qui ont irrigué les négociations douanières depuis l’arrangement franco-japonais de 1907 jusqu’au « gentlemen’s agreement » nippo-indochinois de 1932. Elle propose ainsi une lecture nouvelle à une historiographie qui a présenté les relations entre Hanoï et Tokyo comme plutôt sereines et pondérées avant la violente occupation de la colonie française par les forces japonaises en 1940.